La gazelle des sables

LA GAZELLE DES SABLES

Je vais vous conter l’histoire de la gazelle des sables.

Je dois vous dire que mon père était bourrelier et naturaliste de métier, aussi, quand les chasseurs du cru et les militaires en poste dans la région voulaient conserver un trophée de chasse, il lui confiait leurs plus belles pièces afin de les immortaliser.

En 1960 un militaire, revenant de mission dans le sud, région de Crampel, ramena à l’atelier paternel, une jolie tête de gazelle afin que celui-ci « l’empaille » comme on disait à l’époque.

Je pense que par la suite, les évènements aidants, il n’est pas venu chercher son souvenir d’Algérie. Au moment de l’exode, cette tête est donc restée en compagnie d’un aigle et autres perdreaux et renard dans la vitrine de l’atelier où ces réalisations étaient stoquées à l’abri de la poussière.

1962—-2007 me voilà de retour au TELAGH, déambulant avec ma famille, photographiant tout ce qui me rappelait ma jeunesse, je me retrouve « Chemin des Dames ». Pressé de questions, interpelé de toutes parts, on me demande expressément d’entrer dans une échoppe faisant office d’épicerie, parfumerie et autres.

Contraint, presque forcé, je me retrouve à l’intérieur, où, surpris, je suis attendu par un copain avec qui j’ai autrefois partagé les bancs de l’école Saadi Lakdar. Il m’offre alors, en grand cadeau, une superbe tête de gazelle.

Reconnaissant immédiatement le travail de mon père, c’est avec étonnement et une émotion non dissimulée que je reçois ce présent devant toute la famille  aussi émue et déconcertée que moi.

Bien sûr des questions, encore des questions : la  seule réponse « li fête mête » et la vie continue…

Après toutes ces années, l’image de celui-ci travaillant sur ce trophée me revient en mémoire, comment vous décrire les pensées, les images, les sentiments qui me traversent l’esprit à ce moment là. C’est intense, beau et très, très dur à la fois.

Cinquante sept ans après être passée par les mains de mon père, et ramenée chez moi, cette belle tête de gazelle a trouvé sa place dans mon atelier,  superbe porte-bonheur, un peu comme une mezouza.

Je renouvelle ici tous mes remerciements à Saadi, pour cet émouvant cadeau et aussi pour l’accueil et les témoignages de sympathie que nous ont offerts tous les telaghiens que nous avons rencontrés.

 

Antoine GOMEZ  – 2007 –

 

Le sarment de vigne

LE SARMENT DE VIGNE

 

C’est vers 1946 / 47 que mes parents firent construire notre maison au Telagh

Et du plus loin que je m’en souvienne elle abritait dans la cour une magnifique treille de raisin  violet et d’une extrême douceur.

C’est l’histoire de cette vigne que je vais vous raconter.

Elle fait partie de nos racines car elle a été ramenée du pays de nos ancêtres,

l’Andalousie, par nos grands parents probablement avant 1900 quand ils sont venus s’installer en Algérie .

Mon père, afin d’agrémenter la cour y planta un ou deux sarment issus de cette vigne. Bénéficiant d’une chaleur clémente et de ses bons soins celle-ci se développa magnifiquement en s’étirant tout le long du mur, nous offrant dés l’automne et jusqu’à noël de grosses grappes de raisin que mon père enveloppait de sacs de jute de sa confection afin de les soustraire aux guêpes et aux oiseaux.

Et ainsi a Noel il restait encore quelques grappes qu’il avait la grande joie de

nous offrir au dessert.

Souvenir de notre enfance que l’on aimait se remémorer au cour de nos repas  en famille surtout si au dessert il y avait du raisin (jamais, bien sur aussi bon que là bas)

Arrivé, comme beaucoup a la soixantaine, me vint l’envie de retourner (au bled), je veux dire au TELAGH, retrouver mes racines et partager ce moment unique avec mon épouse mes enfants  mes cousins mes amis, et enfin tourner cette page qui tant marqué et conditionné notre vie.

Bien accompagné, j’ai donc un beau jour de  mai 2007 refranchi la méditerranée

et nous voila de retour au village qui nous a vu naitre, bien accueillis par les autorités et surtout par les copains d’écoles, après tous les chaleureux salamalecs amicaux, embrassades et autres (tu n’as pas changé), je m’éclipse avec ma famille en direction de « notre » maison.

Vous décrire ce moment d’émotions intenses, de la peine, de la joie tant de sentiments m’envahissent l’esprit a ce moment, je revoie comme dans un vieux film a l’intérieur de la maison, mes parents, ma sœur, mon frère dans nos chambres respectives, et, dans la cour réaménagée, la vigne s’étire toujours le long du mur, avec son tronc majestueux et aussi vieux que moi (mais plus en forme) exactement comme dans mon souvenir.

J’en arrive au sarment.

Sans difficultés j’obtiens l’accord des occupants de la maison de prélever un petit bout de branche de la vigne afin de le ramener chez moi, en France.

Sitôt dis, sitôt, coupé et emballé dans le sac à dos

Rentrer chez nous a Villars et après avoir fait bourgeonner le fameux sarment,

J’ai en « grandes pompes », procéder a la plantation de la vigne, aidé en cela par toute la smala des petits enfants.

Cette vigne a trouvée chez moi une nouvelle terre accueillante pour s’épanouir et nous donne chaque année de délicieuses grappes donc se régale toute la famille et plus spécialement le petit dernier de la famille.

Laissez-moi-vous conter la suite du parcour de cette vigne.

Je reviens en 1962, rapatrié a Unieux (Loire) pas bien vu du tout par les habitants du cru, un peu seul, je fais la connaissance d’un émigré espagnol, seul, lui aussi et ne parlant pas le français nous sympathisons et il s’en suivra une amitié qui ne c’est jamais démentie à ce jour.

Bien du temps passe avant que nous ne constations que nos parents venaient de la même région d’Andalousie Huèrcal-Overa, coïncidence !!! ?

De visite chez moi, après mon retour de voyage et apprenant le périple de cette vigne, il me demanda de lui en faire une bouture qu’il planta chez lui en Andalousie

Cette magnifique vigne a finie par retourner dans son sol natal et je vous assure que, pour lui avoir rendu visite et dégusté ses grappes qu’elles sont bonnes,           (bonnes comme là bas dit !)

Elle aussi est retournée au pays !!

Plus bas les photos de cette aventure

 

Antoine GOMEZ     –   2007 –

C’est pas beau ?

 

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